Ancien malade des Hôpitaux de Paris

Spectacle nommé aux Molières 2016
dans la catégorie Seul(e) en scène

Cette nuit-là, le docteur Galvan trouva la foi médicale, la perdit, la retrouva, la perdit à nouveau, et ainsi de suite car la nuit fut longue.
Il fallait qu’il le raconte à quelqu’un.
Désolé que ce soit vous.

Baptisé monologue gesticulatoire par Daniel Pennac, la nouvelle Ancien malade des hôpitaux de Paris est une pantomime verbale dont chaque phrase est un geste et qui va comme un gant de chirurgien au talent protéiforme de Olivier Saladin, ex-complice des Deschiens et des Deschamps.

Olivier Saladin s’empare avec brio de ce conte médical délirant, véritable course-poursuite burlesque, truffée de péripéties, dans les différents services d’un hôpital. Vous êtes emportés par l’histoire d’un interne en médecine qui rêve d’un avenir prometteur, tout comme son père et ses grands pères depuis des générations et qui n’a de préoccupation que celle de l’intitulé de sa prochaine carte de visite.
Hélas, en poste aux urgences une nuit, sa garde va devenir un véritable cauchemar face à un malade pour le moins déroutant qui va rassembler à lui seul une multitude de symptômes atypiques. Ces symptômes vont apparaitre puis disparaitre les uns après les autres, laissant chacun des collègues spécialistes appelés à la rescousse, médusés et impuissants, malgré toutes leurs compétences.


Genre : Comédie, Théâtre
Auteur : Daniel Pennac
Distribution : Olivier Saladin
Production : La Comète, Scène nationale de Châlons-en-Champagne
et Les Productions de l’Explorateur
Mise en scène : Benjamin Guillard
Photographe : Emmanuel Noblet
Décor : Les ateliers de la Comète
Conception lumières : Sylvain Chevallot
Durée : 80


Saisons

2017-2018


En savoir plus

Lu dans la presse

Splendeurs et misères de l’institution hospitalière par Messieurs Pennac et Saladin
Une incursion dans un hôpital parisien et une exploration de tous les maux corporels possibles et imaginables : un calvaire ? Non, un délice, et ce en grande partie grâce à l’irrésistible ex-Deschien Olivier Saladin, mais aussi au texte de la pièce écrit par Daniel Pennac
Toute la Culture, mars 2015

Olivier Saladin interprète la nouvelle pièce de Daniel Pennac, plongée cocasse et irrésistible dans le monde de la médecine.
Les cheveux blancs dégagent un front bombé, un regard ferme aux irisations claires. Pantalon anthracite, chemise blanche impeccable, l’homme dans la force de l’âge qui pénètre sur le plateau du Théâtre de l’Atelier pourrait être un professeur. De philosophie ou, qui sait, de médecine. Il s’avance d’un pas déterminé et s’adresse à un spectateur du premier rang. Il lui offre un café : l’homme assis serait un écrivain, celui du plateau aurait une histoire à raconter, une histoire qui date de vingt ans auparavant et qu’il a un besoin impérieux, ce jour-là, de raconter. Et c’est parti pour une heure quinze de rires, de fous rires, une heure quinze qui est la meilleure médecine que vous puissiez absorber ces temps-ci en vous rendant dans un théâtre!
(…) «Vingt ans de ça, donc, jour pour jour. J’étais de garde aux urgences du CHU Postel-Couperin. C’était un dimanche et la nuit allait son train d’enfer (…).» La nuit et l’écriture de Daniel Pennac et son imagination délirante! Ah! Bienheureux sont ceux qui ne connaissent pas encore ce texte et vont le découvrir ainsi interprété, joué, densifié, rendu hautement vraisemblable par Olivier Saladin. La mise en scène de Benjamin Guillard est sobre. Elle est tout entière appuyée sur l’art si profond et humain du comédien que vous connaissez parce qu’il a été l’une des hautes figures du groupe des Deschamps-Deschiens.
Subtil décalage
Depuis Olivier Saladin a beaucoup joué, au théâtre comme au cinéma, à la télévision. On l’a notamment applaudi dans la galaxie de François Morel : Bien des choses à partir de 2009, et Instants critiques à partir de 2012. Il a aussi joué avec Jacques Bonnaffé un texte de Daniel Cabanis. Il apporte à ses incarnations quelque chose de profond et de généreux. Sa création du Docteur Galvan est épatante. Sa voix bien placée, mais qui laisse entendre l’étonnement, le doute, l’incrédulité de celui qui a été témoin de tout ce qu’il raconte, mais qui donne le sentiment qu’il veut encore se persuader de ce qu’il rapporte! Ce qui est formidable, c’est le subtil décalage qu’Olivier Saladin instaure entre ce qui se dit – aventures extravagantes d’une nuit aux urgences – et le subtil entrelacement d’un sérieux (scientifique) et d’une panique (très humaine). Olivier Saladin excelle à donner vie à tous les personnages hauts en couleur qui se croisent dans l’hôpital. Il donne de la chair à chacun, sans composer lourdement.
Ne disons rien de la chute, qui ajoute du rire aux rires! Le Docteur Galvan n’a pas abandonné sa vocation: il soigne, mais quoi? Chut!
Le Figaroscope, avril 2015

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EXTRAIT
– Vingt ans de ça, donc, jour pour jour. J’étais de garde aux urgences du CHU Postel-Couperin. C’était un dimanche et la nuit allait son train d’enfer : accidents domestiques, infections éruptives, suicides avortés, avortements ratés, cuites omateuses, infarctus, épilepsies, embolies pulmonaires, coliques néphrétiques, enfants bouillants comme des assiettes, automobilistes en compote, dealers poinçonnés, clodos cherchant logis, femmes battues et maris repentants, adolescents envapés, adolescentes catatoniques… Les urgences d’un dimanche soir, quoi, et par nuit de pleine lune, qui plus est. Tout ce beau monde refusait le lundi matin avec les moyens du bord, et moi, comme d’habitude, je piquais, j’obturais, je ponctionnais, je reboutais, je cousais, j’agrafais, je sondais, je méchais, je drainais, je pansais, j’accouchais, il m’arrivait même de prévenir et de dépister ! En un mot, je dispensais. J’étais à moi seul un dispensaire. Je remplaçais Pansard, Verdier, Samuel, Desonge : « On te revaudra ça, Galvan »… »Laissez tomber, les gars, c’est de bon cœur. » (Tous mandarins, aujourd’hui. ) Les plus naïfs voyaient en moi un FFI idéaliste, à sept billets par mois et quatre-vingts heures la semaine, au détriment de ma santé, de ma jeunesse, de ma carrière, de ma vie privée. Ah, pardon, définition : FFI, Faisant Fonction d’Interne. Ma famille (tous toubibs depuis Molière, la médecine est la première des maladies héréditaires) me trouvait exemplaire. Mon père m’imaginait en archange terrassant le cancer de la lymphe : « L’hématologie, Gérard, c’est ta voie! » Je laissais aller l’imagination du père mais j’allais de mon côté ; je savais bien que je ne serais jamais l’homme d’une seule spécialité. Ma spécialité à moi, ce serait l’urgence : tous les maux de l’homme, les maux de tous les hommes, autant dire toutes les spécialités. Le champion de la Médecine Interne, voilà ce que je voulais devenir. Vous me direz que c’était une ambition plus qu’honorable… Non ? Si ? Hein ?
-…
– Eh bien, vous vous trompez. En fait, je ne rêvais qu’à une chose… J’ose à peine vous dire laquelle, tellement c’est… A n’y pas croire ! Je rêvais à ma future carte de visite, Monsieur ! Sans blague. Une véritable obsession. Je ne pensais qu’au jour où je pourrais dégainer une carte de visite à faire pâlir tous les amateurs de cartes. C’était ça, au fond, mon grand projet !