Les Diablogues

Pourtant, il se portait comme un toast.
Si un individu vous affirme qu’il est une pendule, peut-être vaut-il mieux ne pas le contredire. Il doit avoir ses raisons. Après tout, on ne sait jamais. Dans Les Diablogues, Roland Dubillard réinvente à sa façon le dialogue de sourds. D’ailleurs c’est simple comme bonjour. Prenez deux protagonistes, appelez les Un et Deux, et pour corser la chose donnez leur l’apparence de comédiens pince-sans-rire, comme Jacques Gamblin et François Morel, par exemple. Il n’y a plus qu’à les laisser s’expliquer avec les mots de l’auteur. Bientôt le réel se met à tanguer, tremble sur ses fondements. Obéissant à une logique folle, le langage a largué les amarres. Vous voilà face à deux acharnés fermement décidés à ne pas se comprendre, emportés par des mots qui les égarent bien au-delà du raisonnable. En trois coups de cuillère à pot et à peine deux répliques, le quotidien bascule dans le fantastique, l’ordre cède la place au chaos le plus hilarant.

Spectacle Coup de Cœur –en tournée pour la saison 2008|2009 en exclusivité pour la Belgique

Créé le 8 novembre 2007 à La Coursive, SN de La Rochelle


Genre : Humour, Théâtre
Auteur : Roland Dubillard
Distribution : Jacques Gamblin, François Morel
Production : Félix Ascot, Théâtre du Rond-Point
Co-Production : Les Productions de l’Explorateur, La Coursive – SN de La Rochelle
Mise en scène : Anne Bourgeois, assistée de Marie Heuzé
Accessoires : LumièresLaurent Béal
Costumes : Isabelle Donnet
Musique : Jacques Cassard
Direction technique : Pascal Araque
Décor : Edouard Laug
Durée : 90


Saisons

2008-2009


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Lu dans la presse

Entretien avec Anne Bourgeois

Comment définiriez-vous l’univers de Roland Dubillard dans Les Diablogues ?
Anne Bourgeois : Pour commencer, je dirais que c’est comme un monde parallèleoù il n’y a pas de référent psychologique : et pourtant la machine logique de l’écritureest tributaire de l’humain, de la personnalité vulnérable et poétique des personnages,de leur propension à se noyer dans le raisonnement philosophique sans jamais rienaffirmer, en gardant l’étonnement, et souvent même, l’émotion. C’est un univers qu’ilfaut comprendre de l’intérieur. L’expression « théâtre de l’absurde » est née dans lesannées cinquante, lorsqu’on a vu des écrivains mélanger quotidienneté et arrièreplanexistentiel. Ce n’est donc pas surprenant que l’on ait envie de voir dans LesDiablogues des traces de Beckett ou de Ionesco. Chez Dubillard, on a d’abord deuxêtre humains posés sur le plateau qui ne comprennent rien à ce qui leur arrive : ilsn’ont ni destin, ni histoire, ils ne sont pas des héros, ça pourrait être MonsieurToutlemonde, vous ou moi.

Comment aborde-t-on ce genre de dialogue à la fois très serrés et toujourssurprenants dans leur façon de rebondir là où on ne s’y attend pas et leur acharnement à suivre unelogique déviante ?
A. B. : Le plus important est de travailler sur l’écoute. Chacun écoute l’autre avecune attention si grande que le problème n’est pas d’avoir raison mais de se sauverde l’abîme du raisonnement. Les personnages se vouvoient ce qui leur donne unecertaine élégance mais aussi une certaine rondeur, une ampleur. Et puis, d’un coup,on passe à un phrasé de bistrot. Ça parle comme dans la vie avec des « oui », des «bon », des « hein » ou même des borborygmes. Mais justement l’avantage detravailler ça avec des acteurs comme Jacques Gamblin et François Morel, c’est quepour jouer Dubillard il est indispensable d’avoir des comédiens qui possèdent déjà ununivers personnel fort, qui savent utiliser cette angoisse adorable qui consiste àparler sans certitudes. Car on a deux personnages qui sont dans la même obsession: celle de comprendre. La difficulté, c’est qu’ils n’ont pas le même système decompréhension du monde : alors leurs échanges peuvent ressembler à des conflits.Pas des conflits de personnes, bien sûr, des conflits métaphysiques !

Où sont-ils, d’où viennent-il ces deux ratiocineurs ?
A. B. : Il ne faut surtout pas essayer de les situer, ni géographiquement ni dans letemps. Il faut abandonner toute idée de contexte. À mon avis, plus les deux acteurssont perdus dans un espace où il n’y a qu’eux et le langage, plus on se rapproche deDubillard. Car ce qui est extraordinaire, c’est la capacité de l’auteur à faire ressortirde cette étrange mécanique de l’inattendu, de la fragilité, quelque chose de touchant,émouvant et bien sûr tellement drôle.

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